Benoît Dutal poussa les portes de la Résidence des Deux Cours, son cœur battant à un rythme irrégulier, comme s’il cherchait à s’échapper de sa poitrine. L’air chargé de l’odeur salée de l’océan et le bruissement des palmiers ne parvenaient pas à apaiser la tension qui l’habitait. Son premier jour en tant qu’assistant parlementaire commençait, mais l’humiliation subie dans l’avion, les marques rouges sur sa joue et la brûlure persistante de ses fesses, le rappelaient sans cesse à l’ordre. Il se sentait comme un étranger dans un monde où les règles étaient écrites dans une langue qu’il ne maîtrisait pas encore. La Résidence des Deux Cours, avec ses murs blancs et ses volets bleus, semblait paisible, mais Benoît savait que derrière cette façade se cachait un système hiérarchique rigide, où la discipline était reine. Il avait entendu les avertissements de Monsieur Leblanc, le chauffeur de taxi, sur la sévérité des administrateurs, en particulier Henri Moreau. Mais Benoît n’était pas du genre à se laisser intimider. Il était prêt à se battre pour ses idées, même si cela signifiait affronter les codes et les traditions de l’île.
Il traversa le hall d’entrée, ses pas résonnant sur le sol carrelé, chaque écho semblant accentuer le poids de ses pensées. Madame Girard, une femme d’une cinquantaine d’années aux cheveux gris tirés en chignon serré, l’accueillit avec un sourire bienveillant, mais Benoît perçut une lueur de curiosité dans son regard, comme si elle devinait déjà les épreuves qu’il avait traversées.
« Bienvenue, Monsieur Dutal, dit-elle en lui tendant un plateau de bienvenue. J’espère que votre voyage s’est bien passé. »
Benoît força un sourire, ses doigts effleurant machinalement sa joue encore douloureuse, la peau chaude et irritée sous ses phalanges.
« Merci, Madame Girard. Tout s’est bien passé, répondit-il, évitant son regard, comme si cela pouvait effacer les souvenirs. »
Il prit le plateau, sur lequel reposaient des fruits exotiques et une carafe d’eau fraîche, et se dirigea vers son bureau, une petite pièce lumineuse donnant sur le jardin. Les rayons du soleil filtraient à travers les stores, projetant des motifs dansants sur le sol, mais Benoît ne prêta guère attention à cette beauté. Son esprit était ailleurs, coincé entre la colère et la honte.
Les premières heures de son premier jour furent une succession de découvertes et d’adaptations, mais aussi de regards en coin et de murmures étouffés. Camille Lefèvre, sa collègue, une jeune femme dynamique aux cheveux châtains et aux yeux pétillants, l’accueillit avec enthousiasme, mais Benoît nota une hésitation dans son sourire, comme si elle savait déjà quelque chose.
« Salut, Benoît ! Je suis ravie de te rencontrer enfin. Je vais te montrer les dossiers en cours, tu verras, c’est passionnant. »
Benoît la suivit, essayant de se concentrer sur les explications de Camille, mais son esprit revenait sans cesse à l’incident de l’avion. Il se sentait infantilisé, comme si chaque regard posé sur lui était un jugement silencieux. Les dossiers s’empilaient devant lui, mais ses pensées s’envolaient vers les mains de Moreau, la douleur, la honte.
Camille lui présenta les dossiers avec une précision méthodique, expliquant chaque détail avec une patience infinie. Benoît prenait des notes, essayant de se plonger dans son travail, mais son impertinence naturelle refaisait surface de temps en temps, comme une étincelle qu’il ne pouvait éteindre.
« Tu crois vraiment que ça va changer quelque chose ? demanda-t-il, levant les yeux des papiers, son ton teinté de défi. Ces lois, elles sont tellement... rigides. »
Camille sourit, un peu amusée, un peu agacée, comme si elle lisait en lui une rébellion qu’elle connaissait trop bien.
« Benoît, tu viens d’arriver. Il faut du temps pour comprendre comment les choses fonctionnent ici. Et puis, tu sais, parfois, il faut jouer le jeu avant de pouvoir le changer. »
Il hocha la tête, mais son regard restait sceptique. Il n’était pas du genre à jouer le jeu, surtout quand il sentait que ce jeu était injuste.
La matinée se poursuivit avec une réunion avec la députée Sophie Martin, une femme élégante et autoritaire d’une quarantaine d’années. Benoît s’assit à la table de conférence, son carnet ouvert devant lui, prêt à prendre des notes. Sophie entra, suivie de son assistant, Lucas Dubois, un homme grand et mince aux lunettes cerclées. L’atmosphère se tendit légèrement à leur arrivée, comme si l’air lui-même retenait son souffle.
« Bien, commençons, dit Sophie en s’installant à la tête de la table, son regard balayant la pièce avec une autorité tranquille. Benoît, je compte sur toi pour rédiger un compte-rendu détaillé. »
Benoît acquiesça, son stylo prêt à saisir chaque mot, mais ses mains tremblaient légèrement, trahissant son agitation intérieure. La réunion fut dense, remplie de discussions sur les projets de loi et les stratégies politiques. Benoît écoutait attentivement, mais son esprit divaguait parfois, revenant à l’humiliation subie, à la sensation de la main de Moreau sur sa joue, au bruit des claques sur ses fesses nues.
À midi, Camille l’invita à déjeuner avec le reste de l’équipe. Ils se dirigèrent vers la cantine de la Résidence, une grande salle lumineuse où les conversations animées se mêlaient à l’odeur de plats locaux. Benoît rencontra Élodie Fontaine, une jeune femme aux cheveux bouclés et au rire communicatif, et Lucas, qui semblait plus réservé mais attentif. L’ambiance était détendue, mais Benoît sentait les regards peser sur lui, comme s’il était un spectacle dont on murmurait les détails.
« Alors, Benoît, comment se passe ton premier jour ? demanda Élodie en lui passant un plateau, son sourire un peu trop large pour être naturel. »
Il haussa les épaules, essayant de paraître décontracté, mais ses mots sonnaient faux même à ses propres oreilles.
« Ça va. Beaucoup de choses à apprendre, mais c’est intéressant. »
Lucas intervint, son ton sérieux, presque clinique.
« N’oublie pas, ici, les codes sont importants. Il faut savoir les respecter si tu veux t’intégrer. »
Benoît sentit une pointe d’agacement monter en lui, comme une flamme qui refusait d’être étouffée.
« Je sais, Lucas. Mais parfois, ces codes, ils sont juste là pour maintenir un ordre injuste. »
Un silence gêné s’installa autour de la table, comme si ses mots avaient brisé une illusion fragile. Camille intervint, tentant de désamorcer la tension.
« Allez, on ne va pas parler de ça aujourd’hui. C’est ton premier jour, Benoît, profite ! »
L’après-midi fut tout aussi intense. Benoît prépara un dossier pour une prochaine réunion, ses doigts volant sur le clavier de son ordinateur. Il répondit aux emails des électeurs, essayant de rester professionnel malgré la frustration qui montait en lui. Chaque fois qu’il levait les yeux, il voyait les regards des autres, et il se demandait s’ils savaient, s’ils devinaient ce qui s’était passé dans l’avion. Les murmures dans les couloirs, les sourires en coin, tout semblait lui rappeler son humiliation.
La tension atteignit son paroxysme en fin de journée. Alors que Benoît rangeait ses affaires, prêt à partir, Sophie Martin entra dans son bureau, son visage fermé, comme une tempête annoncée.
« Benoît, un mot, s’il te plaît. »
Il la suivit dans son bureau, son cœur battant plus fort, chaque pas résonnant comme un coup de marteau. Sophie ferma la porte derrière eux et se tourna vers lui, ses yeux perçants comme des lames.
« J’ai entendu parler de ton comportement dans l’avion. Tu sais, ici, on ne tolère pas l’insubordination. Tu es jeune, tu as de l’énergie, mais tu dois apprendre à la canaliser. »
Benoît serra les poings, sentant la colère monter en lui, une colère qui brûlait comme un feu mal éteint.
« Je n’ai rien fait de mal ! C’est Moreau qui a exagéré. Il m’a humilié devant tout le monde. »
Sophie soupira, son regard durcissant, comme si elle avait prévu cette réaction.
« Peu importe qui a commencé. Ce qui compte, c’est que tu as perturbé l’ordre. Et ici, on ne laisse pas passer ça. »
Benoît ouvrit la bouche pour protester, mais Sophie leva la main, un geste impérieux qui le fit taire.
« Assez. Tu vas apprendre à respecter les règles, Benoît. Et si tu ne le fais pas de toi-même, on t’y forcera. »
Avant qu’il ne puisse réagir, Sophie fit un geste vers Lucas, qui était entré silencieusement dans la pièce, comme une ombre.
« Lucas, s’il te plaît. »
Lucas s’avança, son expression impassible, ses mouvements précis et calculés. Benoît recula d’un pas, sentant la panique l’envahir, comme un animal pris au piège.
« Qu’est-ce que vous faites ? s’écria-t-il, sa voix tremblante. Vous ne pouvez pas me forcer à quoi que ce soit ! »
Mais Lucas ne dit rien. Il attrapa Benoît par le bras, le tirant vers le canapé au centre de la pièce. Camille et Élodie, qui étaient entrées discrètement, observaient la scène, leurs visages graves, comme des spectatrices d’un drame annoncé.
« Non, arrêtez ! » hurla Benoît, se débattant inutilement. Lucas était plus fort, et bientôt, Benoît se retrouva étendu sur les genoux de Sophie, ses jambes pendantes d’un côté, son torse appuyé sur le canapé. Il sentit les mains de Lucas maintenir ses épaules, le maintenant fermement en place, comme un prisonnier.
« S’il te plaît, Sophie, non... » murmura-t-il, sa voix tremblante, mais ses mots se perdaient dans le vide.
Sophie ne répondit pas. Elle leva la main et la laissa tomber sur la fesse droite de Benoît. Le bruit de la claque résonna dans la pièce, un son sec et brutal qui fit sursauter les spectateurs. Benoît poussa un cri étouffé, sentant la brûlure instantanée, comme un fer rouge sur sa peau.
La fessée commença, chaque claque retentissant comme un coup de tonnerre dans l’esprit de Benoît. Sophie frappait avec une force contrôlée, ses mains larges et fermes s’abattant sur les fesses de Benoît. Il sentit la chaleur se propager, la douleur devenant rapidement insupportable, comme un feu qui consumait sa chair.
« Arrêtez... s’il vous plaît... » gémit-il, ses mains se refermant sur le tissu du canapé, ses ongles s’enfonçant dans la toile.
Mais Sophie continua, ses claques alternant entre les deux fesses, créant un rythme régulier et impitoyable. Les larmes montèrent aux yeux de Benoît, mais il refusa de les laisser tomber, serrant les dents jusqu’à ce qu’elles grincent. Il voulait garder sa dignité, mais chaque claque le ramenait à son humiliation, à son impuissance.
Les spectateurs observaient en silence, leurs visages graves, comme des juges impitoyables. Camille détourna le regard, se sentant mal à l’aise, tandis qu’Élodie serrait les poings, partageant la douleur de Benoît. Lucas, quant à lui, restait impassible, ses mains maintenant fermement Benoît en place, comme un bourreau accomplissant son devoir.
« Tu vas apprendre, Benoît, murmura Sophie entre deux claques, sa voix froide et déterminée. Tu vas apprendre à respecter les règles. »
Benoît ne répondit pas, ses pensées embrouillées par la douleur. Il sentait ses fesses devenir de plus en plus sensibles, chaque claque ajoutant à la brûlure déjà intense. La peau de ses fesses était en feu, rouge et gonflée, et il savait que les marques resteraient, un rappel constant de cette humiliation.
Enfin, après ce qui sembla une éternité, Sophie arrêta. Elle posa sa main sur les fesses rougies de Benoît, comme pour s’assurer de l’effet de sa punition.
« C’est fini, pour cette fois, dit-elle, sa voix ferme mais sans colère. Mais souviens-toi, Benoît, la prochaine fois, ce sera pire. »
Elle aida Benoît à se relever, et il se retrouva debout, tremblant, ses mains se portant immédiatement à ses fesses douloureuses. Il évita les regards des autres, sentant la honte l’envahir, comme une vague qui le submergeait.
« Tu peux y aller, Benoît, dit Sophie, son ton redevenant professionnel, comme si rien ne s’était passé. Mais réfléchis à ton comportement. »
Il hocha la tête, incapable de parler, et sortit rapidement du bureau, laissant derrière lui le silence pesant. Les murmures reprirent dès qu’il fut parti, mais Benoît ne les entendit pas. Il était déjà loin, perdu dans sa propre tempête.
De retour dans sa chambre, Benoît se laissa tomber sur son lit, ses mains toujours sur ses fesses. Il sentait les larmes monter, mais il les retint, serrant les poings jusqu’à ce que ses ongles s’enfoncent dans ses paumes. Il ne voulait pas pleurer, pas pour eux. Il se promit de ne pas se laisser abattre, de ne pas se soumettre à leurs règles oppressives. Mais alors que la nuit tombait sur l’Île de Palmora, Benoît savait que cette bataille ne faisait que commencer. Et il ne savait pas encore à quel point les défis à venir seraient difficiles. La douleur dans ses fesses, la brûlure sur sa joue, tout lui rappelait qu’il était un étranger dans ce monde, un étranger qui refusait de se plier. Mais à quel prix ?
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