mardi 30 septembre 2025

Bienvenue à Palmora - Partie 2

 


Benoît Dutal, encore secoué par les événements de l’avion, se tenait sur le tarmac de l’aéroport de Palmora, l’air chargé d’humidité et de sel marin lui caressant le visage. Son t-shirt noir, froissé et marqué par les empreintes de la confrontation avec Henri Moreau, collait à sa peau moite. Son jean large, lui aussi témoin de l’humiliation subie, pendait lourdement sur ses hanches. Il serrait les poings, ses ongles creusant la paume de ses mains, tandis que ses yeux bruns, habituellement pétillants de détermination, reflétaient maintenant une colère contenue et une humiliation profonde.

Un taxi jaune vif s’arrêta devant lui, le chauffeur, un homme d’une cinquantaine d’années au visage buriné par le soleil, le dévisagea avec curiosité. « Vous allez bien, jeune homme ? » demanda-t-il, son regard s’attardant sur les marques rouges qui ornaient le cou et les joues de Benoît.

Benoît, encore sous le choc, hocha la tête machinalement. « Oui, oui, ça va. La Résidence des Deux Cours, s’il vous plaît. » Sa voix, d’habitude ferme et assurée, tremblait légèrement, traçant les contours de son émotion.

Le chauffeur, un certain Monsieur Leblanc, acquiesça et engagea la conversation, comme le font souvent les chauffeurs de taxi. « Vous êtes nouveau sur l’île, n’est-ce pas ? »

Benoît, bien que peu enclin à discuter, sentit qu’il ne pouvait pas rester silencieux. « Oui, je suis arrivé aujourd’hui. »

« Ah, je vois. Vous savez, Palmora, c’est une île particulière. Les règles ici sont… différentes. » Monsieur Leblanc jeta un coup d’œil à Benoît dans le rétroviseur, comme pour sonder sa réaction.

Benoît serra les dents. « Oui, j’ai déjà eu un aperçu. » Il ne put s’empêcher de penser à la gifle retentissante d’Henri Moreau, à la douleur cuisante de la fessée, à l’humiliation publique devant les autres passagers.

Monsieur Leblanc, semblant comprendre le sous-entendu, opina lentement. « Les administrateurs ne rigolent pas avec la discipline. Surtout Monsieur Moreau. Il est connu pour sa sévérité. »

Benoît grimaça. « Oui, j’ai pu le constater. » Il se demanda si le chauffeur avait entendu parler de l’incident dans l’avion. Palmora était une île petite, les nouvelles voyageaient vite.

« Vous savez, jeune homme, » continua Monsieur Leblanc, sa voix prenant un ton plus grave, « ici, le respect des aînés est primordial. Appeler un homme comme Monsieur Moreau par son prénom, c’est considéré comme un manque de respect. »

Benoît sentit son visage s’empourprer. Il avait oublié, encore une fois, les codes de l’île. « Je… je suis désolé. Je ne suis pas habitué à ces formalités. »

Monsieur Leblanc haussa les épaules. « C’est compréhensible. Vous êtes jeune. Mais ici, ces détails comptent. Surtout pour quelqu’un comme vous, qui semble… » Il hésita, cherchant le mot juste, « … qui semble aimer défier l’autorité. »

Benoît se raidit sur son siège. « Je ne défie pas l’autorité. Je défends mes idées. »

Le chauffeur sourit, un sourire triste. « Sur cette île, les idées qui ne correspondent pas à celles des administrateurs sont souvent considérées comme une menace. Soyez prudent, jeune homme. »

Le silence s’installa entre eux, lourd de sous-entendus et de mises en garde. Benoît fixa le paysage qui défilait à travers la fenêtre : les plages de sable blanc, les forêts de palmiers, les villages colorés avec leurs places centrales, où il savait que se déroulaient les cérémonies de fessée. L’atmosphère de l’île, à la fois envoûtante et tendue, semblait le mettre au défi.


Arrivés à la Résidence des Deux Cours, un bâtiment élégant aux murs blanchis à la chaux et aux toits de tuiles rouges, Benoît paya la course et remercia Monsieur Leblanc. Avant de descendre, le chauffeur lui lança un dernier regard. « Prenez soin de vous, jeune homme. Et n’oubliez pas : ici, les fessées ne sont pas juste une punition. Elles font partie de la culture. »

Benoit descendit du taxi, les mots du chauffeur résonnant dans son esprit. Il se sentait comme un étranger dans un monde où les règles étaient écrites dans un langage qu’il ne maîtrisait pas encore. Il poussa la porte de la résidence, l’air conditionné lui apportant un soulagement temporaire à la chaleur étouffante de l’extérieur.

L’intérieur de la résidence était spacieux et lumineux, avec des meubles en bois sombre et des tapisseries aux motifs tropicaux. Une femme d’une trentaine d’années, vêtue d’une robe légère et d’un tablier, se tenait derrière le comptoir de la réception. « Bienvenue à la Résidence des Deux Cours, Monsieur Dutal. Je suis Madame Girard, la gérante. »

Benoît, encore marqué par les événements de la journée, se força à sourire. « Enchanté, Madame Girard. »

« J’espère que votre voyage s’est bien passé. » Le regard de Madame Girard s’attarda sur les marques rouges sur le visage de Benoît, mais elle ne fit aucun commentaire.

« Oui, merci. » Benoît se demanda si elle avait entendu parler de l’incident dans l’avion.

« Votre appartement est prêt. C’est le numéro 12, au premier étage. Voici vos clés. » Madame Girard lui tendit une clé en métal lourd.

« Merci. » Benoît prit la clé, sentant son poids dans sa main. Il se dirigea vers l’ascenseur, l’esprit ailleurs.

Une fois dans son appartement, Benoît laissa tomber son sac sur le sol et s’effondra sur le canapé. La pièce était spacieuse, avec des murs blancs et des meubles modernes. Une grande fenêtre offrait une vue sur la mer, les vagues bleues se brisant doucement sur le rivage.

Il se passa une main sur le visage, sentant la chaleur des marques laissées par la gifle de Moreau. La douleur de la fessée était encore vive, ses fesses brûlantes et sensibles. Il se leva, se dirigea vers la salle de bain et se regarda dans le miroir. Son visage était marqué, ses yeux cernés par la colère et l’humiliation.

Il ouvrit le robinet et laissa l’eau froide couler sur ses mains, puis sur son visage. La fraîcheur lui apporta un soulagement temporaire, mais la colère et l’humiliation restaient, tapies au fond de son être.

Il se déshabilla lentement, jetant son t-shirt froissé et son jean sur le sol. Il se tenait là, nu, face au miroir, examinant les marques rouges sur ses fesses. La peau était enflammée, les empreintes des mains de Moreau clairement visibles.

Il se souvint de la scène dans l’avion, de la façon dont Moreau l’avait déshabillé, l’avait fait se coucher sur ses genoux, avait exposé ses fesses nues aux regards de tous. La honte le submergea à nouveau, mais avec elle, une détermination féroce.

Il ne se laisserait pas intimider. Il ne se laisserait pas réduire au silence. Palmora pouvait avoir ses règles, ses traditions, mais Benoît Dutal ne se soumettrait pas.

Il se sécha et enfilait un short léger, puis se dirigea vers la cuisine. Il avait besoin de quelque chose à manger, quelque chose pour calmer la tempête qui faisait rage en lui.

Alors qu’il ouvrait le réfrigérateur, il entendit un bruit à la porte. Il se figea, son cœur battant la chamade. Qui pouvait bien venir le voir si tôt ?

Il se dirigea vers la porte, hésitant. « Qui est là ? » demanda-t-il, sa voix tremblante.

« C’est Madame Girard. J’ai oublié de vous donner cela. »

Benoît ouvrit la porte, trouvant Madame Girard avec un plateau dans les mains. « Oh, excusez-moi. Qu’est-ce que c’est ? »

« Un petit quelque chose pour vous souhaiter la bienvenue. » Madame Girard lui tendit le plateau, sur lequel se trouvaient des fruits frais, du pain et du fromage.

« Merci, c’est très gentil. » Benoît prit le plateau, sentant une vague de gratitude envers cette femme qui semblait comprendre son malaise.

« Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à me demander. » Madame Girard lui sourit chaleureusement avant de partir.

Benoît ferma la porte et posa le plateau sur la table. Il s’assit, commençant à manger machinalement. Les fruits étaient juteux, le pain frais, mais il avait du mal à apprécier. Son esprit était ailleurs, perdu dans les événements de la journée.

Il se leva, se dirigea vers la fenêtre et regarda la mer. Les vagues se brisaient doucement sur le rivage, un rythme apaisant qui contrastait avec la tempête intérieure de Benoît.

Il se demanda ce que l’avenir lui réservait sur cette île. Il savait que son combat ne serait pas facile, que les administrateurs ne le laisseraient pas agir à sa guise. Mais il était déterminé. Il ne se laisserait pas intimider, pas par Moreau, pas par qui que ce soit.

La nuit tomba lentement sur Palmora, enveloppant l’île dans une obscurité apaisante. Benoît, toujours debout à la fenêtre, sentit une résolution grandir en lui. Il était là pour une raison, et il ne partirait pas avant d’avoir accompli ce pour quoi il était venu.

Il se tourna vers son appartement, vers le plateau de nourriture à moitié consommé. Il avait besoin de repos, de se préparer pour les défis à venir.

Il se dirigea vers la chambre, s’allongea sur le lit et ferma les yeux. Les images de la journée défilèrent dans son esprit : la confrontation avec Moreau, la gifle, la fessée, l’humiliation.

Il serra les poings, sentant la colère monter en lui. Mais avec elle, une détermination féroce. Il ne se laisserait pas abattre. Il se battrait, pour ses idées, pour la justice, pour lui-même.

Et alors que le sommeil le gagnait lentement, Benoît Dutal sourit, un sourire déterminé, un sourire qui disait qu’il était prêt à affronter tout ce que Palmora avait à lui offrir.

La nuit était tombée sur l’île, mais pour Benoît, une nouvelle bataille ne faisait que commencer.

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