vendredi 31 octobre 2025

Séance d'exorcisme

 


L'église du village, avec ses murs de pierre froide et ses vitraux colorés filtrant une lumière tamisée, était imprégnée d’une atmosphère lourde de solennité. Les bancs en bois, usés par des générations de fidèles, craquaient sous le poids des villageois assemblés, leurs murmures étouffés par l’épaisseur des murs. Au centre de la nef, le père Gabriel Moreau, imposant dans sa soutane noire, dirigeait la cérémonie avec une autorité tranquille. Ses mains, noueuses et veinées, tenaient fermement un crucifix en argent, tandis que ses yeux, d’un gris profond, balayaient l’assemblée avec une intensité presque hypnotique. À ses côtés, sœur Marie, en habit religieux immaculé, tenait un livre de prières, ses lèvres murmurant des incantations à voix basse. Son regard bleu, fixé sur les pages jaunies, trahissait une concentration absolue.

Benoît Dutal, debout au milieu de l’assemblée, croisait les bras sur sa poitrine, son t-shirt noir moulant son torse athlétique. Ses cheveux noirs, coupés en une coupe wolf, encadraient son visage juvénile, ses traits fins trahissant une certaine arrogance. Il observait la scène avec un mélange de scepticisme et de moquerie, ses lèvres incurvées en un sourire narquois. À ses côtés, Caroline, fine et élancée, échangeait des regards inquiets avec les autres villageois. Ses mains, fines et pâles, jouaient nerveusement avec les perles de son collier, tandis que ses yeux noisette cherchaient ceux de Benoît, comme pour lui demander de ne pas provoquer la situation. Jason, le fils de Madame Marasse, se tenait en retrait, ses lunettes rondes reflétant la lumière des bougies. Son corps massif, habituellement timide et réservé, semblait vouloir se fondre dans l’ombre, mais son regard trahit une inquiétude palpable.

Madame Marasse, imposante dans sa robe ample et colorée, se tenait droite, ses mains posées sur les épaules de son fils. Ses yeux noisette, durcis par les années, scrutaient l’assemblée avec une détermination ferme. Elle avait élevé seule Jason après la mort de son mari, et sa présence protectrice était palpable, comme une force invisible qui enveloppait son fils. Le père Gabriel leva la main, et le silence tomba instantanément, comme si l’église elle-même retenait son souffle.

"Nous sommes ici réunis pour chasser les esprits maléfiques qui pourraient habiter l'un d'entre nous," déclara-t-il d'une voix grave, chaque mot résonnant dans l’espace confiné. "Que chacun s'avance pour être examiné."

Un par un, les villageois s’approchèrent du prêtre, qui les observait avec une intensité presque surnaturelle. Certains baissaient les yeux, d’autres murmuraient des prières, mais tous semblaient porter le poids de la cérémonie. Lorsque ce fut le tour de Benoît, il s’avança à contrecœur, ses pas traînant sur le sol de pierre. Son regard croisa celui de Caroline, qui lui lança un regard suppliant, mais il détourna les yeux, un sourire moqueur aux lèvres.

"Benoît Dutal," annonça sœur Marie, sa voix claire et mélodieuse résonnant dans l’église.

Le père Gabriel posa ses yeux perçants sur le jeune homme. "Approche, mon fils."

Benoît roula des yeux, mais obéit, s’arrêtant à quelques pas du prêtre. "Vous croyez vraiment à ces superstitions, Père Gabriel ?" lança-t-il, sa voix teintée de moquerie. "C’est du délire, non ?"

Madame Marasse intervint, sa voix autoritaire retentissant dans l’église. "Benoît, un peu de respect pour le père Gabriel. Tu l’appelles monsieur Moreau."

Benoît haussa les épaules, visiblement agacé. "Pardon, monsieur Moreau," marmonna-t-il, sans conviction, ses yeux roulant de nouveau.

Le prêtre ignora la remarque et leva une main, ses doigts effleurant le front de Benoît. "Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, je te commande de révéler ta présence."

Un frisson parcourut l’assemblée. Benoît recula d’un pas, son sourire s’effaçant. "Vous êtes fous," murmura-t-il, mais sa voix manquait de sa confiance habituelle. Une sueur froide perla sur sa nuque, malgré la fraîcheur de l’église.

Sœur Marie s’avança, son regard bleu fixe sur Benoît. "Il est possédé," déclara-t-elle sans hésitation, sa voix ferme et convaincue. "L’esprit maléfique est en lui."

Un murmure d’effroi parcourut la foule. Caroline porta une main à sa bouche, ses yeux écarquillés. Jason, quant à lui, semblait paralysé par la peur, ses mains moites serrant les bords de son t-shirt. Madame Marasse, bien que sceptique, sentit une pointe d’inquiétude l’envahir. Elle connaissait Benoît depuis son enfance, et bien qu’il fût souvent arrogant, elle ne pouvait s’empêcher de douter de cette accusation.

"Non, c’est ridicule !" protesta Benoît, mais sa voix tremblait légèrement. Il tenta de reculer, mais deux hommes, des villageois robustes, s’avancèrent et le saisirent par les bras. "Lâchez-moi !" cria-t-il, sa voix résonnant dans l’église. 

Madame Marasse s’approcha, son regard dur. "Calme-toi, Benoît. C’est pour ton bien. Nous ne voulons que t’aider."

"Pour mon bien ?" s’étrangla-t-il, ses yeux s’écarquillant. "Vous êtes en train de me kidnapper !" se débat-il.

Sans prévenir, une main lourde se posa sur sa joue, et une gifle retentissante lui fit tourner la tête. Benoît porta une main à sa joue brûlante, ses yeux écarquillés de surprise et d’humiliation. C’était Jason, le timide, qui venait de le frapper, ses yeux d’habitude si doux maintenant emplis d’une détermination farouche.

"Assez, Benoît," dit Jason d’une voix tremblante mais ferme. "Tu dois te calmer. Tu ne vois pas que tu es en train de nous faire peur à tous ?"

Benoît, stupéfait, fixa Jason, puis les autres villageois, leurs visages graves. Il comprit alors qu’il ne pourrait pas les raisonner. Avec un grognement de frustration, il cessa de se débattre, se laissant entraîner vers l’autel. Chaque pas résonnait dans l’église, comme un écho de sa défaite.

L’autel, avec ses bougies allumées et son crucifix en bois sculpté, semblait attendre son offrande. Le père Gabriel se tenait là, son expression impénétrable, tandis que sœur Marie récitait des prières à voix basse, ses mains jointes devant elle. L’air était lourd d’encens et de tension.

"Déshabillez-le," ordonna le prêtre d’une voix calme, mais qui ne tolérerait aucune contradiction.

Benoît sentit une vague de panique l’envahir alors que les villageois s’exécutaient. Caroline, avec une hésitation visible, commença à lui enlever son t-shirt, ses doigts tremblants effleurant sa peau. Il tenta de reculer, mais des mains fermes le maintenaient en place. Son torse musclé fut exposé, ses muscles saillants sous la lumière tamisée des bougies. Il sentit une chaleur monter à ses joues, l’humiliation le submergeant.

"Non, s'il vous plaît," murmura-t-il, mais sa voix était à peine audible, étouffée par la peur et la honte.

Son jean fut ensuite retiré, laissant apparaître son boxer. Benoît sentit une sueur froide lui glacer le dos, son cœur battant la chamade. Il était presque nu, exposé aux regards de tous. Les murmures de l’assemblée lui parvenaient comme à travers un brouillard, chaque chuchotement une piqûre d’aiguille dans sa peau.

"Sur l'autel," ordonna le père Gabriel, pointant du doigt la surface de bois sculpté.

Benoît fut soulevé par deux hommes, leurs mains fortes le portant comme un poids mort. Il se retrouva étendu sur l’autel, ses jambes pendantes dans le vide. Il se sentait vulnérable, ses muscles tendus alors qu’il essayait de se couvrir, mais des mains le repoussaient, l’obligeant à rester immobile.

"Non, pas comme ça," protesta-t-il, sa voix brisée, mais le prêtre ignora ses supplications. "Préparez-le pour la purification," ordonna-t-il, sa voix résonnant comme un décret divin.

Des mains expertes retirèrent son boxer, et Benoît sentit un frisson d’horreur le parcourir. Il était maintenant complètement nu, ses fesses exposées à la vue de tous. La fraîcheur de l’air caressait sa peau, mais il ne ressentait que de la honte. Les regards des villageois lui brûlaient la peau, sentant dans chaque paire d’yeux un jugement silencieux.

"Allonge-le sur mes genoux," ordonna le père Gabriel à un homme robuste qui se tenait à proximité.

L’homme, un fermier nommé Henri, s’avança, son visage marqué par les années de travail manuel. Il souleva Benoît avec une facilité déconcertante, le plaçant sur les genoux du Père. Benoît se retrouva allongé, ses jambes s’agitant dans le vide, ses fesses nues offertes à la fessée qui allait suivre. La position était humiliante, infantile, et il sentit une colère sourde monter en lui, mêlée à une peur viscérale.

Le père Gabriel, sa main levée, prête à frapper. "Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, sors de ce corps !"

La première claque résonna dans l’église, un son sec et retentissant qui fit sursauter Benoît. La douleur était intense, brûlante, et il sentit ses yeux se remplir de larmes. Un cri étouffé s’échappa de ses lèvres, mais il fut rapidement étouffé par la honte. Ses jambes se mirent à gigoter, comme si elles avaient une volonté propre, cherchant à fuir une douleur qui les consumait.

"Sors de lui !" répéta le prêtre, sa voix grave et déterminée, presque jubilatoire.

Une autre claque tomba, puis une autre, chacune plus forte que la précédente. Benoît se tordait sur les genoux du Père Moran, ses mains agrippant désespérément les pans de la soutane du prêtre. Chaque claque était un coup de marteau sur son orgueil, une humiliation publique qu’il ne pourrait jamais oublier.

"Arrêtez !" gémit-il, mais ses mots étaient perdus dans les cris étouffés qui s’échappaient de sa gorge. Sa voix, d’habitude si assurée, était maintenant un murmure brisé, un plaidoyer désespéré.

Les fessées se succédaient, inlassables, chacune accompagnée d’une incantation du père Gabriel. "Au nom du Père... du Fils... et du Saint-Esprit !" Chaque mot était un coup, chaque prière une torture. L’église semblait vibrer au rythme des claques, les villageois observant la scène avec un mélange d’horreur et de fascination. Certains détournaient le regard, d’autres ne pouvaient s’empêcher de fixer les fesses rougies de Benoît, maintenant marquées par des traces rouges et violacées.

Caroline détourna le regard, ses mains serrées devant sa bouche. Elle ne pouvait supporter de voir Benoît ainsi, réduit à un état de vulnérabilité totale. Jason, quant à lui, semblait hypnotisé, ses yeux fixés sur la scène avec un mélange de culpabilité et de fascination morbide. Il se sentait responsable, mais ne pouvait s’empêcher de regarder, comme si une force invisible l’y obligeait.

Madame Marasse, debout près de l’autel, avait les mains jointes, ses lèvres murmurant une prière silencieuse. Elle espérait que cette épreuve apporterait la paix à Benoît, même si elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une pointe de pitié pour le jeune homme. Elle se rappelait le garçon espiègle qu’il avait été, et maintenant, il était là, nu et humilié, sous les coups d’un prêtre.

Sœur Marie, son livre de prières ouvert, récitait les paroles sacrées, sa voix se mêlant aux cris de Benoît. L’atmosphère était électrique, chargée d’une énergie presque palpable. Les bougies vacillaient, comme si même la flamme réagissait à la tension.

Benoît, quant à lui, était perdu dans un tourbillon de douleur et d’humiliation. Ses larmes coulaient librement, ses jambes s’agitant frénétiquement alors qu’il essayait en vain de se dégager. Il sentait chaque claque comme un coup de poignard, la brûlure s’étendant à travers son corps, jusqu’à son âme. La douleur physique était insupportable, mais c’était l’humiliation qui le brisait. Être ainsi exposé, devant tous ceux qu’il connaissait, était une torture qu’il n’aurait jamais imaginée.

"Sors de lui !" répéta le père Gabriel, sa voix résonnant dans l’église.

Une claque particulièrement forte fit sursauter Benoît, un cri déchirant s’échappant de ses lèvres. Il sentit quelque chose se briser en lui, une partie de lui-même qui se détachait, s’éloignait. Était-ce l’esprit maléfique, ou simplement sa fierté, son orgueil, qui se dissolvaient sous les coups ? Il ne le savait pas, mais il sentait un vide grandir en lui, un abîme qui menaçait de l’engloutir.

Les fessées continuaient, chacune semblant plus forte que la précédente. Benoît était maintenant un amas de larmes et de douleur, ses cris se transformant en gémissements étouffés. Ses jambes, autrefois si fortes, étaient maintenant molles et inutiles, comme si elles avaient oublié comment bouger. Il se sentait vide, creux, comme si une partie de lui avait été arrachée à jamais.

Puis, soudain, ce fut fini. Le père Gabriel abaissa sa main, son souffle régulier, comme s’il n’avait pas vient de livrer une bataille contre les forces obscures. 

Un silence pesant s’installa dans l’église. Benoît, tremblant, se redressa lentement, ses mains couvrant ses fesses rougies. Il fixa le père Gabriel, ses yeux remplis d’une émotion indéchiffrable : de la colère, de la peur, de la honte, et peut-être, un soupçon de gratitude. Il ne savait pas encore ce qui avait été chassé de lui, mais il se sentait différent, comme si une partie de lui avait été effacée.

Le prêtre posa une main sur l’épaule de Benoît, son regard pénétrant. "C'est fini, mon fils. Tu es libre."

Benoît, hagard, se laissa tomber sur les marches de l’autel, ses jambes ne le portant plus. Il fixa le vide, ses larmes continuant à couler, mais cette fois, elles semblaient différentes. Elles n’étaient plus des larmes de douleur, mais de quelque chose de plus profond, de plus obscur.

Caroline s’approcha, son visage rempli de compassion. "Benoît..."

Il leva une main, comme pour la repousser, mais elle s’accroupit à ses côtés, posant une main sur son bras. "Ça va aller," murmura-t-elle, sa voix douce et réconfortante. "Tu n’es plus seul."

Jason, toujours sous le choc, s’avança hésitant, son regard rempli de remords. "Je... je suis désolé, Benoît. Je ne voulais pas que ça se passe comme ça. Je ne savais pas..."

Benoît le fixa, puis détourna le regard, son expression impénétrable. Il ne savait pas quoi ressentir envers Jason. De la colère, peut-être, mais aussi une étrange gratitude. Sans lui, il n’aurait peut-être pas été "libéré", quel que fût le prix à payer.

Madame Marasse s’approcha, sa présence protectrice enveloppant le jeune homme. "Tu as été courageux, Benoît. Maintenant, repose-toi. Nous allons nous occuper de toi."

Le père Gabriel, debout près de l’autel, observait la scène, son expression toujours impénétrable. Il avait accompli sa mission, mais une question persistait dans son esprit : était-ce l’esprit qui avait été chassé, ou une partie de Benoît lui-même ? Il ne le saurait peut-être jamais, mais il se sentait satisfait, comme si un devoir sacré avait été accompli.

L’église, maintenant silencieuse, semblait retenir son souffle, comme si elle aussi attendait la réponse. Benoît, tremblant, se laissa envelopper par les bras de Madame Marasse, ses larmes continuant à couler, silencieuses et mystérieuses. Dans ce moment de calme après la tempête, une chose était certaine : Benoît Dutal avait été transformé, mais personne ne savait encore ce que l'avenir lui réservait. Son regard, autrefois moqueur et arrogant, était maintenant vide, comme si une partie de son âme avait été emportée avec l’esprit qu’on prétendait avoir chassé.

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