vendredi 31 octobre 2025

Séance d'exorcisme

 


L'église du village, avec ses murs de pierre froide et ses vitraux colorés filtrant une lumière tamisée, était imprégnée d’une atmosphère lourde de solennité. Les bancs en bois, usés par des générations de fidèles, craquaient sous le poids des villageois assemblés, leurs murmures étouffés par l’épaisseur des murs. Au centre de la nef, le père Gabriel Moreau, imposant dans sa soutane noire, dirigeait la cérémonie avec une autorité tranquille. Ses mains, noueuses et veinées, tenaient fermement un crucifix en argent, tandis que ses yeux, d’un gris profond, balayaient l’assemblée avec une intensité presque hypnotique. À ses côtés, sœur Marie, en habit religieux immaculé, tenait un livre de prières, ses lèvres murmurant des incantations à voix basse. Son regard bleu, fixé sur les pages jaunies, trahissait une concentration absolue.

Benoît Dutal, debout au milieu de l’assemblée, croisait les bras sur sa poitrine, son t-shirt noir moulant son torse athlétique. Ses cheveux noirs, coupés en une coupe wolf, encadraient son visage juvénile, ses traits fins trahissant une certaine arrogance. Il observait la scène avec un mélange de scepticisme et de moquerie, ses lèvres incurvées en un sourire narquois. À ses côtés, Caroline, fine et élancée, échangeait des regards inquiets avec les autres villageois. Ses mains, fines et pâles, jouaient nerveusement avec les perles de son collier, tandis que ses yeux noisette cherchaient ceux de Benoît, comme pour lui demander de ne pas provoquer la situation. Jason, le fils de Madame Marasse, se tenait en retrait, ses lunettes rondes reflétant la lumière des bougies. Son corps massif, habituellement timide et réservé, semblait vouloir se fondre dans l’ombre, mais son regard trahit une inquiétude palpable.

Madame Marasse, imposante dans sa robe ample et colorée, se tenait droite, ses mains posées sur les épaules de son fils. Ses yeux noisette, durcis par les années, scrutaient l’assemblée avec une détermination ferme. Elle avait élevé seule Jason après la mort de son mari, et sa présence protectrice était palpable, comme une force invisible qui enveloppait son fils. Le père Gabriel leva la main, et le silence tomba instantanément, comme si l’église elle-même retenait son souffle.

"Nous sommes ici réunis pour chasser les esprits maléfiques qui pourraient habiter l'un d'entre nous," déclara-t-il d'une voix grave, chaque mot résonnant dans l’espace confiné. "Que chacun s'avance pour être examiné."

Un par un, les villageois s’approchèrent du prêtre, qui les observait avec une intensité presque surnaturelle. Certains baissaient les yeux, d’autres murmuraient des prières, mais tous semblaient porter le poids de la cérémonie. Lorsque ce fut le tour de Benoît, il s’avança à contrecœur, ses pas traînant sur le sol de pierre. Son regard croisa celui de Caroline, qui lui lança un regard suppliant, mais il détourna les yeux, un sourire moqueur aux lèvres.

"Benoît Dutal," annonça sœur Marie, sa voix claire et mélodieuse résonnant dans l’église.

Le père Gabriel posa ses yeux perçants sur le jeune homme. "Approche, mon fils."

Benoît roula des yeux, mais obéit, s’arrêtant à quelques pas du prêtre. "Vous croyez vraiment à ces superstitions, Père Gabriel ?" lança-t-il, sa voix teintée de moquerie. "C’est du délire, non ?"

Madame Marasse intervint, sa voix autoritaire retentissant dans l’église. "Benoît, un peu de respect pour le père Gabriel. Tu l’appelles monsieur Moreau."

Benoît haussa les épaules, visiblement agacé. "Pardon, monsieur Moreau," marmonna-t-il, sans conviction, ses yeux roulant de nouveau.

Le prêtre ignora la remarque et leva une main, ses doigts effleurant le front de Benoît. "Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, je te commande de révéler ta présence."

Un frisson parcourut l’assemblée. Benoît recula d’un pas, son sourire s’effaçant. "Vous êtes fous," murmura-t-il, mais sa voix manquait de sa confiance habituelle. Une sueur froide perla sur sa nuque, malgré la fraîcheur de l’église.

Sœur Marie s’avança, son regard bleu fixe sur Benoît. "Il est possédé," déclara-t-elle sans hésitation, sa voix ferme et convaincue. "L’esprit maléfique est en lui."

Un murmure d’effroi parcourut la foule. Caroline porta une main à sa bouche, ses yeux écarquillés. Jason, quant à lui, semblait paralysé par la peur, ses mains moites serrant les bords de son t-shirt. Madame Marasse, bien que sceptique, sentit une pointe d’inquiétude l’envahir. Elle connaissait Benoît depuis son enfance, et bien qu’il fût souvent arrogant, elle ne pouvait s’empêcher de douter de cette accusation.

"Non, c’est ridicule !" protesta Benoît, mais sa voix tremblait légèrement. Il tenta de reculer, mais deux hommes, des villageois robustes, s’avancèrent et le saisirent par les bras. "Lâchez-moi !" cria-t-il, sa voix résonnant dans l’église. 

Madame Marasse s’approcha, son regard dur. "Calme-toi, Benoît. C’est pour ton bien. Nous ne voulons que t’aider."

"Pour mon bien ?" s’étrangla-t-il, ses yeux s’écarquillant. "Vous êtes en train de me kidnapper !" se débat-il.

Sans prévenir, une main lourde se posa sur sa joue, et une gifle retentissante lui fit tourner la tête. Benoît porta une main à sa joue brûlante, ses yeux écarquillés de surprise et d’humiliation. C’était Jason, le timide, qui venait de le frapper, ses yeux d’habitude si doux maintenant emplis d’une détermination farouche.

"Assez, Benoît," dit Jason d’une voix tremblante mais ferme. "Tu dois te calmer. Tu ne vois pas que tu es en train de nous faire peur à tous ?"

Benoît, stupéfait, fixa Jason, puis les autres villageois, leurs visages graves. Il comprit alors qu’il ne pourrait pas les raisonner. Avec un grognement de frustration, il cessa de se débattre, se laissant entraîner vers l’autel. Chaque pas résonnait dans l’église, comme un écho de sa défaite.

L’autel, avec ses bougies allumées et son crucifix en bois sculpté, semblait attendre son offrande. Le père Gabriel se tenait là, son expression impénétrable, tandis que sœur Marie récitait des prières à voix basse, ses mains jointes devant elle. L’air était lourd d’encens et de tension.

"Déshabillez-le," ordonna le prêtre d’une voix calme, mais qui ne tolérerait aucune contradiction.

Benoît sentit une vague de panique l’envahir alors que les villageois s’exécutaient. Caroline, avec une hésitation visible, commença à lui enlever son t-shirt, ses doigts tremblants effleurant sa peau. Il tenta de reculer, mais des mains fermes le maintenaient en place. Son torse musclé fut exposé, ses muscles saillants sous la lumière tamisée des bougies. Il sentit une chaleur monter à ses joues, l’humiliation le submergeant.

"Non, s'il vous plaît," murmura-t-il, mais sa voix était à peine audible, étouffée par la peur et la honte.

Son jean fut ensuite retiré, laissant apparaître son boxer. Benoît sentit une sueur froide lui glacer le dos, son cœur battant la chamade. Il était presque nu, exposé aux regards de tous. Les murmures de l’assemblée lui parvenaient comme à travers un brouillard, chaque chuchotement une piqûre d’aiguille dans sa peau.

"Sur l'autel," ordonna le père Gabriel, pointant du doigt la surface de bois sculpté.

Benoît fut soulevé par deux hommes, leurs mains fortes le portant comme un poids mort. Il se retrouva étendu sur l’autel, ses jambes pendantes dans le vide. Il se sentait vulnérable, ses muscles tendus alors qu’il essayait de se couvrir, mais des mains le repoussaient, l’obligeant à rester immobile.

"Non, pas comme ça," protesta-t-il, sa voix brisée, mais le prêtre ignora ses supplications. "Préparez-le pour la purification," ordonna-t-il, sa voix résonnant comme un décret divin.

Des mains expertes retirèrent son boxer, et Benoît sentit un frisson d’horreur le parcourir. Il était maintenant complètement nu, ses fesses exposées à la vue de tous. La fraîcheur de l’air caressait sa peau, mais il ne ressentait que de la honte. Les regards des villageois lui brûlaient la peau, sentant dans chaque paire d’yeux un jugement silencieux.

"Allonge-le sur mes genoux," ordonna le père Gabriel à un homme robuste qui se tenait à proximité.

L’homme, un fermier nommé Henri, s’avança, son visage marqué par les années de travail manuel. Il souleva Benoît avec une facilité déconcertante, le plaçant sur les genoux du Père. Benoît se retrouva allongé, ses jambes s’agitant dans le vide, ses fesses nues offertes à la fessée qui allait suivre. La position était humiliante, infantile, et il sentit une colère sourde monter en lui, mêlée à une peur viscérale.

Le père Gabriel, sa main levée, prête à frapper. "Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, sors de ce corps !"

La première claque résonna dans l’église, un son sec et retentissant qui fit sursauter Benoît. La douleur était intense, brûlante, et il sentit ses yeux se remplir de larmes. Un cri étouffé s’échappa de ses lèvres, mais il fut rapidement étouffé par la honte. Ses jambes se mirent à gigoter, comme si elles avaient une volonté propre, cherchant à fuir une douleur qui les consumait.

"Sors de lui !" répéta le prêtre, sa voix grave et déterminée, presque jubilatoire.

Une autre claque tomba, puis une autre, chacune plus forte que la précédente. Benoît se tordait sur les genoux du Père Moran, ses mains agrippant désespérément les pans de la soutane du prêtre. Chaque claque était un coup de marteau sur son orgueil, une humiliation publique qu’il ne pourrait jamais oublier.

"Arrêtez !" gémit-il, mais ses mots étaient perdus dans les cris étouffés qui s’échappaient de sa gorge. Sa voix, d’habitude si assurée, était maintenant un murmure brisé, un plaidoyer désespéré.

Les fessées se succédaient, inlassables, chacune accompagnée d’une incantation du père Gabriel. "Au nom du Père... du Fils... et du Saint-Esprit !" Chaque mot était un coup, chaque prière une torture. L’église semblait vibrer au rythme des claques, les villageois observant la scène avec un mélange d’horreur et de fascination. Certains détournaient le regard, d’autres ne pouvaient s’empêcher de fixer les fesses rougies de Benoît, maintenant marquées par des traces rouges et violacées.

Caroline détourna le regard, ses mains serrées devant sa bouche. Elle ne pouvait supporter de voir Benoît ainsi, réduit à un état de vulnérabilité totale. Jason, quant à lui, semblait hypnotisé, ses yeux fixés sur la scène avec un mélange de culpabilité et de fascination morbide. Il se sentait responsable, mais ne pouvait s’empêcher de regarder, comme si une force invisible l’y obligeait.

Madame Marasse, debout près de l’autel, avait les mains jointes, ses lèvres murmurant une prière silencieuse. Elle espérait que cette épreuve apporterait la paix à Benoît, même si elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une pointe de pitié pour le jeune homme. Elle se rappelait le garçon espiègle qu’il avait été, et maintenant, il était là, nu et humilié, sous les coups d’un prêtre.

Sœur Marie, son livre de prières ouvert, récitait les paroles sacrées, sa voix se mêlant aux cris de Benoît. L’atmosphère était électrique, chargée d’une énergie presque palpable. Les bougies vacillaient, comme si même la flamme réagissait à la tension.

Benoît, quant à lui, était perdu dans un tourbillon de douleur et d’humiliation. Ses larmes coulaient librement, ses jambes s’agitant frénétiquement alors qu’il essayait en vain de se dégager. Il sentait chaque claque comme un coup de poignard, la brûlure s’étendant à travers son corps, jusqu’à son âme. La douleur physique était insupportable, mais c’était l’humiliation qui le brisait. Être ainsi exposé, devant tous ceux qu’il connaissait, était une torture qu’il n’aurait jamais imaginée.

"Sors de lui !" répéta le père Gabriel, sa voix résonnant dans l’église.

Une claque particulièrement forte fit sursauter Benoît, un cri déchirant s’échappant de ses lèvres. Il sentit quelque chose se briser en lui, une partie de lui-même qui se détachait, s’éloignait. Était-ce l’esprit maléfique, ou simplement sa fierté, son orgueil, qui se dissolvaient sous les coups ? Il ne le savait pas, mais il sentait un vide grandir en lui, un abîme qui menaçait de l’engloutir.

Les fessées continuaient, chacune semblant plus forte que la précédente. Benoît était maintenant un amas de larmes et de douleur, ses cris se transformant en gémissements étouffés. Ses jambes, autrefois si fortes, étaient maintenant molles et inutiles, comme si elles avaient oublié comment bouger. Il se sentait vide, creux, comme si une partie de lui avait été arrachée à jamais.

Puis, soudain, ce fut fini. Le père Gabriel abaissa sa main, son souffle régulier, comme s’il n’avait pas vient de livrer une bataille contre les forces obscures. 

Un silence pesant s’installa dans l’église. Benoît, tremblant, se redressa lentement, ses mains couvrant ses fesses rougies. Il fixa le père Gabriel, ses yeux remplis d’une émotion indéchiffrable : de la colère, de la peur, de la honte, et peut-être, un soupçon de gratitude. Il ne savait pas encore ce qui avait été chassé de lui, mais il se sentait différent, comme si une partie de lui avait été effacée.

Le prêtre posa une main sur l’épaule de Benoît, son regard pénétrant. "C'est fini, mon fils. Tu es libre."

Benoît, hagard, se laissa tomber sur les marches de l’autel, ses jambes ne le portant plus. Il fixa le vide, ses larmes continuant à couler, mais cette fois, elles semblaient différentes. Elles n’étaient plus des larmes de douleur, mais de quelque chose de plus profond, de plus obscur.

Caroline s’approcha, son visage rempli de compassion. "Benoît..."

Il leva une main, comme pour la repousser, mais elle s’accroupit à ses côtés, posant une main sur son bras. "Ça va aller," murmura-t-elle, sa voix douce et réconfortante. "Tu n’es plus seul."

Jason, toujours sous le choc, s’avança hésitant, son regard rempli de remords. "Je... je suis désolé, Benoît. Je ne voulais pas que ça se passe comme ça. Je ne savais pas..."

Benoît le fixa, puis détourna le regard, son expression impénétrable. Il ne savait pas quoi ressentir envers Jason. De la colère, peut-être, mais aussi une étrange gratitude. Sans lui, il n’aurait peut-être pas été "libéré", quel que fût le prix à payer.

Madame Marasse s’approcha, sa présence protectrice enveloppant le jeune homme. "Tu as été courageux, Benoît. Maintenant, repose-toi. Nous allons nous occuper de toi."

Le père Gabriel, debout près de l’autel, observait la scène, son expression toujours impénétrable. Il avait accompli sa mission, mais une question persistait dans son esprit : était-ce l’esprit qui avait été chassé, ou une partie de Benoît lui-même ? Il ne le saurait peut-être jamais, mais il se sentait satisfait, comme si un devoir sacré avait été accompli.

L’église, maintenant silencieuse, semblait retenir son souffle, comme si elle aussi attendait la réponse. Benoît, tremblant, se laissa envelopper par les bras de Madame Marasse, ses larmes continuant à couler, silencieuses et mystérieuses. Dans ce moment de calme après la tempête, une chose était certaine : Benoît Dutal avait été transformé, mais personne ne savait encore ce que l'avenir lui réservait. Son regard, autrefois moqueur et arrogant, était maintenant vide, comme si une partie de son âme avait été emportée avec l’esprit qu’on prétendait avoir chassé.

jeudi 16 octobre 2025

Bienvenue à Palmora - Partie 3



Benoît Dutal poussa les portes de la Résidence des Deux Cours, son cœur battant à un rythme irrégulier, comme s’il cherchait à s’échapper de sa poitrine. L’air chargé de l’odeur salée de l’océan et le bruissement des palmiers ne parvenaient pas à apaiser la tension qui l’habitait. Son premier jour en tant qu’assistant parlementaire commençait, mais l’humiliation subie dans l’avion, les marques rouges sur sa joue et la brûlure persistante de ses fesses, le rappelaient sans cesse à l’ordre. Il se sentait comme un étranger dans un monde où les règles étaient écrites dans une langue qu’il ne maîtrisait pas encore. La Résidence des Deux Cours, avec ses murs blancs et ses volets bleus, semblait paisible, mais Benoît savait que derrière cette façade se cachait un système hiérarchique rigide, où la discipline était reine. Il avait entendu les avertissements de Monsieur Leblanc, le chauffeur de taxi, sur la sévérité des administrateurs, en particulier Henri Moreau. Mais Benoît n’était pas du genre à se laisser intimider. Il était prêt à se battre pour ses idées, même si cela signifiait affronter les codes et les traditions de l’île.


Il traversa le hall d’entrée, ses pas résonnant sur le sol carrelé, chaque écho semblant accentuer le poids de ses pensées. Madame Girard, une femme d’une cinquantaine d’années aux cheveux gris tirés en chignon serré, l’accueillit avec un sourire bienveillant, mais Benoît perçut une lueur de curiosité dans son regard, comme si elle devinait déjà les épreuves qu’il avait traversées.

« Bienvenue, Monsieur Dutal, dit-elle en lui tendant un plateau de bienvenue. J’espère que votre voyage s’est bien passé. »

Benoît força un sourire, ses doigts effleurant machinalement sa joue encore douloureuse, la peau chaude et irritée sous ses phalanges.

« Merci, Madame Girard. Tout s’est bien passé, répondit-il, évitant son regard, comme si cela pouvait effacer les souvenirs. »

Il prit le plateau, sur lequel reposaient des fruits exotiques et une carafe d’eau fraîche, et se dirigea vers son bureau, une petite pièce lumineuse donnant sur le jardin. Les rayons du soleil filtraient à travers les stores, projetant des motifs dansants sur le sol, mais Benoît ne prêta guère attention à cette beauté. Son esprit était ailleurs, coincé entre la colère et la honte.


Les premières heures de son premier jour furent une succession de découvertes et d’adaptations, mais aussi de regards en coin et de murmures étouffés. Camille Lefèvre, sa collègue, une jeune femme dynamique aux cheveux châtains et aux yeux pétillants, l’accueillit avec enthousiasme, mais Benoît nota une hésitation dans son sourire, comme si elle savait déjà quelque chose.

« Salut, Benoît ! Je suis ravie de te rencontrer enfin. Je vais te montrer les dossiers en cours, tu verras, c’est passionnant. »

Benoît la suivit, essayant de se concentrer sur les explications de Camille, mais son esprit revenait sans cesse à l’incident de l’avion. Il se sentait infantilisé, comme si chaque regard posé sur lui était un jugement silencieux. Les dossiers s’empilaient devant lui, mais ses pensées s’envolaient vers les mains de Moreau, la douleur, la honte.


Camille lui présenta les dossiers avec une précision méthodique, expliquant chaque détail avec une patience infinie. Benoît prenait des notes, essayant de se plonger dans son travail, mais son impertinence naturelle refaisait surface de temps en temps, comme une étincelle qu’il ne pouvait éteindre.

« Tu crois vraiment que ça va changer quelque chose ? demanda-t-il, levant les yeux des papiers, son ton teinté de défi. Ces lois, elles sont tellement... rigides. »

Camille sourit, un peu amusée, un peu agacée, comme si elle lisait en lui une rébellion qu’elle connaissait trop bien.

« Benoît, tu viens d’arriver. Il faut du temps pour comprendre comment les choses fonctionnent ici. Et puis, tu sais, parfois, il faut jouer le jeu avant de pouvoir le changer. »

Il hocha la tête, mais son regard restait sceptique. Il n’était pas du genre à jouer le jeu, surtout quand il sentait que ce jeu était injuste.


La matinée se poursuivit avec une réunion avec la députée Sophie Martin, une femme élégante et autoritaire d’une quarantaine d’années. Benoît s’assit à la table de conférence, son carnet ouvert devant lui, prêt à prendre des notes. Sophie entra, suivie de son assistant, Lucas Dubois, un homme grand et mince aux lunettes cerclées. L’atmosphère se tendit légèrement à leur arrivée, comme si l’air lui-même retenait son souffle.

« Bien, commençons, dit Sophie en s’installant à la tête de la table, son regard balayant la pièce avec une autorité tranquille. Benoît, je compte sur toi pour rédiger un compte-rendu détaillé. »

Benoît acquiesça, son stylo prêt à saisir chaque mot, mais ses mains tremblaient légèrement, trahissant son agitation intérieure. La réunion fut dense, remplie de discussions sur les projets de loi et les stratégies politiques. Benoît écoutait attentivement, mais son esprit divaguait parfois, revenant à l’humiliation subie, à la sensation de la main de Moreau sur sa joue, au bruit des claques sur ses fesses nues.


À midi, Camille l’invita à déjeuner avec le reste de l’équipe. Ils se dirigèrent vers la cantine de la Résidence, une grande salle lumineuse où les conversations animées se mêlaient à l’odeur de plats locaux. Benoît rencontra Élodie Fontaine, une jeune femme aux cheveux bouclés et au rire communicatif, et Lucas, qui semblait plus réservé mais attentif. L’ambiance était détendue, mais Benoît sentait les regards peser sur lui, comme s’il était un spectacle dont on murmurait les détails.

« Alors, Benoît, comment se passe ton premier jour ? demanda Élodie en lui passant un plateau, son sourire un peu trop large pour être naturel. »

Il haussa les épaules, essayant de paraître décontracté, mais ses mots sonnaient faux même à ses propres oreilles.

« Ça va. Beaucoup de choses à apprendre, mais c’est intéressant. »

Lucas intervint, son ton sérieux, presque clinique.

« N’oublie pas, ici, les codes sont importants. Il faut savoir les respecter si tu veux t’intégrer. »

Benoît sentit une pointe d’agacement monter en lui, comme une flamme qui refusait d’être étouffée.

« Je sais, Lucas. Mais parfois, ces codes, ils sont juste là pour maintenir un ordre injuste. »

Un silence gêné s’installa autour de la table, comme si ses mots avaient brisé une illusion fragile. Camille intervint, tentant de désamorcer la tension.

« Allez, on ne va pas parler de ça aujourd’hui. C’est ton premier jour, Benoît, profite ! »


L’après-midi fut tout aussi intense. Benoît prépara un dossier pour une prochaine réunion, ses doigts volant sur le clavier de son ordinateur. Il répondit aux emails des électeurs, essayant de rester professionnel malgré la frustration qui montait en lui. Chaque fois qu’il levait les yeux, il voyait les regards des autres, et il se demandait s’ils savaient, s’ils devinaient ce qui s’était passé dans l’avion. Les murmures dans les couloirs, les sourires en coin, tout semblait lui rappeler son humiliation.


La tension atteignit son paroxysme en fin de journée. Alors que Benoît rangeait ses affaires, prêt à partir, Sophie Martin entra dans son bureau, son visage fermé, comme une tempête annoncée.

« Benoît, un mot, s’il te plaît. »

Il la suivit dans son bureau, son cœur battant plus fort, chaque pas résonnant comme un coup de marteau. Sophie ferma la porte derrière eux et se tourna vers lui, ses yeux perçants comme des lames.

« J’ai entendu parler de ton comportement dans l’avion. Tu sais, ici, on ne tolère pas l’insubordination. Tu es jeune, tu as de l’énergie, mais tu dois apprendre à la canaliser. »

Benoît serra les poings, sentant la colère monter en lui, une colère qui brûlait comme un feu mal éteint.

« Je n’ai rien fait de mal ! C’est Moreau qui a exagéré. Il m’a humilié devant tout le monde. »

Sophie soupira, son regard durcissant, comme si elle avait prévu cette réaction.

« Peu importe qui a commencé. Ce qui compte, c’est que tu as perturbé l’ordre. Et ici, on ne laisse pas passer ça. »

Benoît ouvrit la bouche pour protester, mais Sophie leva la main, un geste impérieux qui le fit taire.

« Assez. Tu vas apprendre à respecter les règles, Benoît. Et si tu ne le fais pas de toi-même, on t’y forcera. »


Avant qu’il ne puisse réagir, Sophie fit un geste vers Lucas, qui était entré silencieusement dans la pièce, comme une ombre.

« Lucas, s’il te plaît. »

Lucas s’avança, son expression impassible, ses mouvements précis et calculés. Benoît recula d’un pas, sentant la panique l’envahir, comme un animal pris au piège.

« Qu’est-ce que vous faites ? s’écria-t-il, sa voix tremblante. Vous ne pouvez pas me forcer à quoi que ce soit ! »

Mais Lucas ne dit rien. Il attrapa Benoît par le bras, le tirant vers le canapé au centre de la pièce. Camille et Élodie, qui étaient entrées discrètement, observaient la scène, leurs visages graves, comme des spectatrices d’un drame annoncé.

« Non, arrêtez ! » hurla Benoît, se débattant inutilement. Lucas était plus fort, et bientôt, Benoît se retrouva étendu sur les genoux de Sophie, ses jambes pendantes d’un côté, son torse appuyé sur le canapé. Il sentit les mains de Lucas maintenir ses épaules, le maintenant fermement en place, comme un prisonnier.

« S’il te plaît, Sophie, non... » murmura-t-il, sa voix tremblante, mais ses mots se perdaient dans le vide.

Sophie ne répondit pas. Elle leva la main et la laissa tomber sur la fesse droite de Benoît. Le bruit de la claque résonna dans la pièce, un son sec et brutal qui fit sursauter les spectateurs. Benoît poussa un cri étouffé, sentant la brûlure instantanée, comme un fer rouge sur sa peau.


La fessée commença, chaque claque retentissant comme un coup de tonnerre dans l’esprit de Benoît. Sophie frappait avec une force contrôlée, ses mains larges et fermes s’abattant sur les fesses de Benoît. Il sentit la chaleur se propager, la douleur devenant rapidement insupportable, comme un feu qui consumait sa chair.

« Arrêtez... s’il vous plaît... » gémit-il, ses mains se refermant sur le tissu du canapé, ses ongles s’enfonçant dans la toile.

Mais Sophie continua, ses claques alternant entre les deux fesses, créant un rythme régulier et impitoyable. Les larmes montèrent aux yeux de Benoît, mais il refusa de les laisser tomber, serrant les dents jusqu’à ce qu’elles grincent. Il voulait garder sa dignité, mais chaque claque le ramenait à son humiliation, à son impuissance.


Les spectateurs observaient en silence, leurs visages graves, comme des juges impitoyables. Camille détourna le regard, se sentant mal à l’aise, tandis qu’Élodie serrait les poings, partageant la douleur de Benoît. Lucas, quant à lui, restait impassible, ses mains maintenant fermement Benoît en place, comme un bourreau accomplissant son devoir.

« Tu vas apprendre, Benoît, murmura Sophie entre deux claques, sa voix froide et déterminée. Tu vas apprendre à respecter les règles. »

Benoît ne répondit pas, ses pensées embrouillées par la douleur. Il sentait ses fesses devenir de plus en plus sensibles, chaque claque ajoutant à la brûlure déjà intense. La peau de ses fesses était en feu, rouge et gonflée, et il savait que les marques resteraient, un rappel constant de cette humiliation.


Enfin, après ce qui sembla une éternité, Sophie arrêta. Elle posa sa main sur les fesses rougies de Benoît, comme pour s’assurer de l’effet de sa punition.

« C’est fini, pour cette fois, dit-elle, sa voix ferme mais sans colère. Mais souviens-toi, Benoît, la prochaine fois, ce sera pire. »

Elle aida Benoît à se relever, et il se retrouva debout, tremblant, ses mains se portant immédiatement à ses fesses douloureuses. Il évita les regards des autres, sentant la honte l’envahir, comme une vague qui le submergeait.


« Tu peux y aller, Benoît, dit Sophie, son ton redevenant professionnel, comme si rien ne s’était passé. Mais réfléchis à ton comportement. »

Il hocha la tête, incapable de parler, et sortit rapidement du bureau, laissant derrière lui le silence pesant. Les murmures reprirent dès qu’il fut parti, mais Benoît ne les entendit pas. Il était déjà loin, perdu dans sa propre tempête.


De retour dans sa chambre, Benoît se laissa tomber sur son lit, ses mains toujours sur ses fesses. Il sentait les larmes monter, mais il les retint, serrant les poings jusqu’à ce que ses ongles s’enfoncent dans ses paumes. Il ne voulait pas pleurer, pas pour eux. Il se promit de ne pas se laisser abattre, de ne pas se soumettre à leurs règles oppressives. Mais alors que la nuit tombait sur l’Île de Palmora, Benoît savait que cette bataille ne faisait que commencer. Et il ne savait pas encore à quel point les défis à venir seraient difficiles. La douleur dans ses fesses, la brûlure sur sa joue, tout lui rappelait qu’il était un étranger dans ce monde, un étranger qui refusait de se plier. Mais à quel prix ?